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"La lumière de l'Est lointain" au festival Interférences de Lyon


À l'occasion de la participation de mon court métrage La lumière de l'Est lointain à un atelier d'analyse d'images le vendredi 9 novembre 2017 se déroulant dans l'amphithéâtre culturel du campus Porte des Alpes à l'université Lumière Lyon 2 (informations ici), organisé dans le cadre du festival Interférences (programme complet ici), à cette occasion donc, j'invite le lecteur ou la lectrice qui a atterri sur cette page à lire les deux textes ci-dessous : le premier revient sur les origines de mon film et le second explique pour quelles raisons sa narratrice est une femme.

1. Voyager et photographier. Mes deux obsessions pendant, ce que j'aime à nommer parfois en souriant, ma « période asiatique ». Six voyages en cinq années sur ce continent et entre chacun d‘eux, une seule idée en tête : y retourner. Cinq années pendant lesquelles j'ai vécu le regard et le viseur constamment tournés vers le grand Est, l'Extrême-Orient. Cette période a été très importante pour moi. Libératrice. Inspirante. Créative. Un récit d'apprentissage personnel. J'ai tout de suite eu conscience de ce que ma découverte de l'Asie (mais plus largement ma découverte du voyage dans des lointaines contrées) était en train de m'apporter. En tant qu'individu comme en tant que photographe. J'ai pris là-bas de très nombreuses photographies, et ce dès le début du premier voyage, comme si je m'étais tout de suite et tout naturellement plongé dans une quête quotidienne de la captation photographique. Ces images ont été prises sur le vif, de façon spontanée, comme d'innombrables instantanés de mes déplacements dans les villes et les campagnes. J'ai accumulé une grande réserve de clichés visuels sans me soucier systématiquement de la manière dont j'allais les utiliser ; sans toujours leur donner de sens précis, de direction bien définie. Comme on laisse pousser une plante sauvage sans chercher à en canaliser la croissance. Aujourd'hui, ma « période asiatique » a été mise entre parenthèses. Je la conjugue désormais au passé, je suis parvenu à tourner mon regard et mon viseur vers d'autres endroits du monde, vers l'Afrique, vers l'Amérique du Nord, mais aussi vers les lieux de mon présent sédentaire ou de mon histoire personnelle. Et j'ai réussi à vivre sans attendre impatiemment le prochain départ. C'est précisément à partir de cette parenthèse refermée qu'est né La Lumière de l'Est lointain. C'est en sachant que cette époque dévolue au continent asiatique était derrière moi que j'ai donné naissance à ce projet de film. Quelques mois après ma dernière incursion sur les terres extrême-orientales, en visionnant mon stock de photos prises là-bas, je me suis aperçu que j'étais en train d'adopter une nouvelle perception. Que je posais maintenant un autre regard sur la production photographique que j'avais ramenée d'Asie. J'ai perçu des liens, des correspondances, des rapprochements que je n'avais jamais vus. J'ai établi des ressemblances ou des confrontations nouvelles. J'ai réalisé combien mes photographies se répondaient et dialoguaient toutes ensemble, à travers des corrélations esthétiques ou thématiques, par-delà les territoires où elles avaient été saisies. C'est la distance temporelle qui m'a permis de voir tout cela. La plante sauvage m'est apparue dans toute sa maturité. Ses tiges et ses feuilles s'étaient épanouies, et l'ensemble a dévoilé toute sa cohérence. Je me suis alors mis à écrire la première version du commentaire de La Lumière de l'est lointain. Nul besoin de relire mes journaux de voyages de l'époque, les phrases me sont venues naturellement, à partir de ce nouveau regard que je venais d'acquérir sur mes photographies. Ce film se situe finalement pour moi au carrefour de mes différentes pratiques artistiques : le cinéma, l'image fixe et l'écriture. C'est comme si s'unissait enfin en une même oeuvre ces trois formes d'expression qui me sont essentielles.


2. Le texte du commentaire a d'abord été rédigé à la première personne. Rapidement, décision a pourtant été prise que La Lumière de l’Est lointain serait narré par une jeune femme. La narration est dans un décalage volontaire par rapport à ce que j'ai vécu en tant que jeune photographe-voyageur lors de mes voyages en Asie. Ce dispositif narratif à la troisième personne me permet de me mettre à distance, de me dissimuler derrière un « il », comme si les mots évoquaient un personnage qui ne serait pas moi tout en étant exactement semblable à ce que j'étais alors. Il me permet de me sentir bien plus à l'aise avec le style employé dans le texte dit en off.

Par ailleurs, le statut de la narratrice par rapport au jeune photographe-voyageur n'est jamais défini. Elle pourrait aussi bien être une amie, sa petite amie ou sa soeur mais on ne l'indique pas au spectateur. L'indétermination de son rapport avec celui dont elle parle me paraît essentielle ici car cela offre un point de vue plus original et plus ouvert que celui d’une autobiographie à la première personne. Cela donne de l'espace au spectateur. Cela permet à ce dernier de pénétrer à sa guise dans l'univers qui lui est proposé.

Cette narratrice inventée parle donc de mes voyages, comme si elle avait en sa possession des lettres que je lui aurais envoyées.

Il est par ailleurs évident que je suis sous l'influence directe du film "Sans soleil" de Chris Marker, qui avait déjà utilisé en 1982 ce procédé narratif. On peut donc aussi parler d'un hommage rendu à cette oeuvre que j'ai tant aimé.


Merci à Dorothée Lachaud, Nicolas Bole et Delphine Moreau

À l'Affiche
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