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Un premier cyanotype...

... est toujours une expérience magnétique.

Tâchons de décrire le déroulé de cet atelier alchimique. David Tanné, bibliothécaire et chargé d'action culturelle au Fonds photo des bibliothèques de la Ville de Paris, m'a initié à cette pratique ancestrale. David est également photographe. Il organise régulièrement des ateliers d'initiation au cyanotype dans sa bibliothèque. Parmi les quelques photographies que contient mon site web, c'est sur cette image prise sur le vif à Hong-Kong en 2006 que mon choix s'arrête. D'où vient cette élection? L'image me paraît précise, le sujet est évident, malgré ces personnages bord-cadre ou au second plan. L'intuition qu'il est préférable d'utiliser un tel cliché pour en faire un cyanotype, type de visuel à l'apparence quelque peu brouillée, me guide. Mon professeur du jour s'empare de cette image couleur et avec un logiciel de retouche d'images, la change en un négatif très contrasté de format A5. Ce négatif est ensuite imprimé, via une simple imprimante, sur une feuille légèrement cartonnée dotée d'un film transparent de la marque Xerox. En parallèle une feuille de papier platine de la marque Arche est découpée là aussi en format A5. Nous enduisons cette dernière d'un mélange de deux liquides, le citrate d’ammonium ferrique et le ferricyanure de potassium. La petite feuille sèche quelques minutes avant que nous y superposions le film transparent Xerox. Appliquées l'une sur l'autre, la transparente au-dessus, le papier platine en-dessous, elles sont parfaitement collées à l'intérieur d'un cadre sous verre. Nous les exposons alors à la lumière d'une lampe à UV pendant 1 minute et 10 secondes. Exposé ainsi à cette vive lumière, le fer des deux solutions liquides est réduit, se transformant de jaune-vert en bleu. En un monochrome bleu cyan. L'étape suivante consiste à laver la feuille cartonnée à l'eau pendant deux-trois minutes. Puis à la plonger dans un nouveau liquide : de l'eau mélangée à de l'eau oxygénée. Les multiples nuances de bleus se contrastent. Enfin, c'est dans un autre liquide que nous la baignons : de l'eau agrémentée de jus de citron. L'image pâlit légèrement. L'image est comme ressuscitée en une seconde vie azurée.






Cyanotype - Hong-Kong 2006


J'avais alors 25 ans, j'effectuais mon premier - et unique à ce jour - voyage à Hong-Kong. J'avais fait connaissance en Thaïlande, quelques semaines auparavant, d'un Québécois de mon âge. Il avait l'air d'un asiatique, ses parents étaient Cambodgiens, tout le monde le prenait pour un autochtone, je l'ai cru moi-même lorsqu'il était venu me parler. Il venait de passer plusieurs mois sur le continent de ses origines familiales, nous avions sympathisé à Chang Mai, nous nous étions revus à Bangkok et je m'étais invité pour la dernière destination de son long voyage, "HK". Un de ses oncles y possédait un appartement, un studio dans une de ces immenses tours qui parsèment la péninsule. Nous nous baladions dans la ville et je passais mon temps à prendre des photos de rue.

Cet enfant avait vraisemblablement une dizaine d'années. Il devait être accompagné de sa mère, ou de sa tante. La bouteille sur la tête, voilà ce qui avait tout naturellement attiré mon objectif. Regard perplexe, presque mélancolique. Il doit avoir aujourd'hui l'âge que j'avais quand j'ai capturé son image à la sauvette. Je suis incapable de savoir ce qu'il est devenu, comment pourrais-je le savoir? Il est peut-être décédé depuis, qui sait, je ne peux m'empêcher de penser à cette tragique éventualité. J'aimerais romantiquement l'imaginer avoir pris part à la révolte des jeunes Hongkongais contre la loi relative à la sécurité nationale voulue, imposée, par les autorités chinoises. Le mystère reste entier. Peut-être travaille-t-il au contraire à la Finance public LTD que vante la publicité derrière lui?















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