La série "Asie / Instants" exposée dans la boutique-galerie CoopArtistes à Paris
Après un tour à la bibliothèque Edmond Rostand, spécialisée en livres photographiques, au printemps dernier, la série photo Asie / Instants est à nouveau exposée. Cette fois-ci c'est à CoopArtistes que les 300 photographies qui la composent seront visibles.
CoopArtistes est une boutique éphémère de créateurs éthiques dédiée au fait-main (on y retrouve "les tee-shirts en coton et encres bio Obcen, la joaillerie poétique d’Indra Eudaric, les vêtements upcyclés de Marian Eeckhout et la papeterie étonnante de Moon Tribes." selon le site Coopaname).
Chaque mois, dans cette boutique, une nouvelle exposition a lieu.
Pour l'occasion, ci-dessous, en lien à la fois avec l'origine géographique des images et avec le rapport que j'entretiens avec la pratique photographique, voici un extrait de mon journal de voyage en Asie, datant de 2010 :
"Faire confiance au réel.
Faire confiance à la réalité.
C'est ce que je crois. C'est ce que je veux croire.
Le réel semble m'offrir ce que je désire. Il finit souvent par me l'offrir. La jolie scène que j'attendais. Le moment insolite que j'espérais. Le triste instant que je voulais voir. La belle lumière. Le rayon de soleil qui tombe là où il faut. L'individu en position, comme s'il m'attendait. Comme s'il s'était placé là, exactement là, pour qu'un appareil-photo le saisisse ainsi. Je ne force rien. Je ne veux rien forcer. J'attends que le réel dévoile ce qu'il a d'intéressant pour moi. La douce séquence à capter, à figer, et qu'il me cachait jusqu'à présent. Je lui fais confiance et je reste attentif. Je garde ma petite machine à la main. mes yeux sont en activité permanente. Je cherche, aux aguets. Disponible. Car ça va arriver, ça va forcément finir par arriver, par survenir. Il suffit de demeurer prêt à agir quand le moment apparaîtra. Le fameux Instant décisif. Je l'invente pas, je n'invente d'ailleurs rien, seule la réalité m'apporte ce que je désire voir. Je laisse mon goût pour la mise en scène éteint, enterré. Je ne l'exhume pas. Je laisse s'écouler autour de moi le flot du temps, du monde, des choses. et je garde les yeux bien ouverts, car ce que je cherche est forcément quelque part. J'en rate des millions par jour, de ces scènes attendues et espérées, en prenant des rues plutôt que toutes les autres, mais dans les chemins que je choisis, je sais parfaitement que m'y attendent le dévoilement, l'éclaircie, le rai lumineux, le sourire qui me conviendra, la pose parfaite, le geste significatif, ce cadeau que me fait le réel en retour de la confiance que je lui accorde. C'est du donnant-donnant. La réalité finit toujours par me contenter. Cette relation me satisfait encore pleinement - même si cela changera sans doute un jour."
Taipei, été 2010 (écrit dans un kombini taïwanais de la marque Family Mart)
Merci à Magali Brunet et à David Tanné, deux excellents photographes qui ont déjà exposé à CoopArtistes..